« Quand on passe à table, c’est comme si on se connaissait depuis toujours »
- horizon88
- 17 oct.
- 4 min de lecture
Entretiens croisés de Nursen, Sébastien et Tom, participant·es et organisateur·ices à la table interculturelle du 18 mai 2025

Si tu devais expliquer avec tes mots ce que c’est que la table interculturelle de l’Horizon, que dirais-tu ?
Nursen : Par exemple, mes ami·es turques de Châtenois ne connaissaient pas la table interculturelle. Cette année, je les ai invité·es. Ils sont venus. Avant, je leur avais expliqué que c’est un moment où il y a beaucoup de respect.
Chacune et chacun sont différent·es et on respecte ces différences. En venant, on n’a pas à craindre d’être mis de côté à cause de notre religion, notre culture, ou d’autres différences. Moi, je ne mange pas de porc et pas d’alcool. Il y a aussi des végétarien·nes et des vegan·es. Et tout le monde se respecte. C’est très important pour nous, qui sommes turques en France et pour qui l’intégration est parfois très difficile au jour le jour. Moi, à l’Horizon, je me sens toujours bien.
Tom : C’est des ateliers de cuisine, pour préparer des plats qu’on connaît plus ou moins. Certain·es participant·es proposent des recettes, souvent un peu spécifiques, à faire découvrir aux autres. Cette année, on a préparé des tartes.
Sébastien : C’est un moment festif ! Où l’on ne se prend pas la tête. Il y a bien un partage de recettes et, ce qui est intéressant, c’est que c’est intergénérationnel et interculturel. Autour d’une recette, et de manière assez simple, qu’on soit albanais·e, turque, français·e ou de toute autre origine, on arrive à suivre une recette, et voilà. Et même avec du monde, à ma grande surprise, on arrive à faire des trucs très sympa tous ensemble. Et puis c’est surtout un moment de découverte ! On découvre les autres. On découvre de nouvelles recettes. Et c’est joyeux, et assez attractif.
Qu’est-ce que tu retiens de ces moments de partage ? Quel(s) souvenir(s) gardes-tu ?
Nursen : J’ai plein de souvenirs de la dernière table interculturelle. Parfois pendant l’évènement, on a un peu de mal à se comprendre, et ça nous fait beaucoup rigoler. J’ai aussi ressenti beaucoup de joie à chaque fois que j’ai vu quelqu’un apprécier ce que j’avais préparé. On s’est aussi beaucoup amusé avec Sébastien dans le travail de cuisine.
Tom : J’aime vraiment ces moments où on se retrouve tous ensemble. Surtout au moment de la préparation du plat. J’aime bien cuisiner en fait. J’aime bien préparer et ensuite voir les gens dire que c’est bon. C’est quand même cool de faire des choses et que les gens te disent que c’est bien.
Sébastien : Les images qui me reviennent sont souvent autour des mains. Les mains et les gestes de Nursen qui nous montre les raviolis qu’elle avait fait, qu’on avait fait ensemble, la première fois, la pâte à pizza qu’on a pétrie… Et là, la dernière fois, je me rappelle du moment où on avait mis la farine dans tous les plats. Tou·tes les petit·es étaient là. Et on voyait, dans un plat, quatre ou cinq mains.
C’était très sympa de voir tous ces enfants, heureux·se de mettre « la main à la pâte ». On voyait cette ouverture au plus grand nombre, où chacune,
chacun, peut mettre ses mains dans le plat. Et ça, ça nous rapproche en fait. C’est des moments qui dépassent la culture. Même si on a des difficultés dans la langue, ou même si on ne se connaissait pas il y a cinq minutes, assez rapidement, oui, ça nous rapproche. Et quand on passe à table, c’est comme
si on se connaissait depuis toujours. C’est une expérience collective. Aussi petite soit-elle, elle nous rapproche, petits et grands, de tous horizons.

Pourquoi c'était important pour toi de participer à cet évènement ?
Nursen : Avec vous, je ne me sens pas isolée. Je me sens intégrée. Pour les personnes comme moi, c’est très important. Je me dis, « Nursen, tu fais quelque chose qui est bien. » Je me dis que j’en suis capable. Et avec vous, je sens que je peux être pleinement moi-même. Je sais que c’est un évènement qui demande beaucoup d’organisation, et en même temps, c’est des moments tellement riches et importants que je serais très heureuse que ça ait lieu plus souvent, peut-être plusieurs fois par an.
Tom : Être là, présent, ça soutien l’Horizon. Comme ça, les gens sont moins seuls. En plus, ce moment, c’est vraiment celui que je préfère dans l’année. C’est ce qui me motive le plus à venir. J’adore faire ça. J’adore faire la cuisine et tous nous réunir. Je retrouve des amis, comme le fils de Nursen, avec qui je m’entends bien.
Sébastien : Moi aussi, c’est un moment que j’aime beaucoup. J’aime beaucoup la cuisine. Et j’aime énormément ce côté interculturel. D’ailleurs, c’est l’activité où j’aurais le plus de facilités à inviter des ami·es. En dehors de ce temps, on met du soin à choisir ce que l’on partage de l’Horizon avec nos ami·es. Certains engagements, ou même la spiritualité, l’aspect « chrétien », ne parlent pas forcément autant à tout le monde autour de nous. C’est différent avec la table interculturelle. Là, pour l’année à venir, je prévois d’inviter beaucoup plus de copains.
Propos recueillis par Martin Perrin

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